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La liberté d'expression

Article rédigé en première année de BUT MMI dans le cadre d'un projet citoyen, nous avions choisi avec mon groupe créer une association de débats. J'ai été notamment chargée de la rédaction des contenus.

Et si on relançait le débat ?

Elise Céladon

Idées qui bouillonnent, qui foisonnent, mots qui s’échangent, paroles qui virevoltent: c’est un échange, c’est un partage. C’est un débat.

Une société ne peut évoluer sans confrontation d’idées, sans oppositions de point de vue, sans opinions avant-gardistes qui dérangent, qui choquent et bousculent. Pour un enrichissement constant pour une soif d’avancer : les idées fixes, ancrées qui n’essayent pas de s’adapter connaissent un décalage qui avec les aiguilles du temps finissent par créer un gouffre, un puits, un trou noir entraînant à terme l’effondrement et la destruction de cette société établie. Le débat, l'échange, le partage, la liberté de s’exprimer sur tout sujet sont les clés d’une société qui dure. Une société qui s’exprime c’est une société qui vit. Une société qui se réprime c’est une société qui fane.

Se risquer au débat

Parce que débattre, c’est prendre le risque de rencontrer des opinions qui s’entrechoquent et se contredisent. Parce qu’échanger, c’est accepter d’aller se confronter à l’inconnu. Parce qu' écouter l’autre c’est être sujet à faire des compromis. Le débat a souvent été négligé et la liberté d’expression bridée. Nombreux sont ceux qui ont dû se battre pour ce droit fondamental qu’est la liberté d’expression.

Un questionnement légitime ?

Mais ne serait-il pas paradoxal d’exposer les bienfaits du débat sans y présenter ouvertement les limites dans un article qui prône la confrontation de points de vue ? A-t-on le droit de tout dire ? La liberté d’expression promet-elle une liberté absolue ? Chacun pense comme il veut et la liberté de penser est un droit qui est indéniablement naturel et immuable.. Mais alors, si chacun est libre de penser comme il l’entend, cela signifie-t-il pour autant qu’il est possible de s’exprimer librement et ce sur tout sujet et sans limite ?

Confrontation aux limites

De la liberté découle l’idée de s’affranchir de toute forme de contrainte. Et pourtant le constat est sans appel, la liberté d’expression est bridée, entravée par des limites qui l’emprisonnent et la contraignent. Paradoxal, non ? La question est telle qu’elle revêt un aspect délicat voire même polémique et controversé : doit-on tolérer l’intolérable ? Karl Popper évoque le paradoxe de la tolérance. Admettre aveuglément et sans limite l’opinion de chacun présente des risques. Dans son essai La Société ouverte et ses ennemis de 1945, il prévient en effet qu’

une tolérance illimitée a pour conséquence fatale la disparition de la tolérance

En effet, imaginez-vous dans une société où la tolérance serait les fondements de cette dernière poussés à l’extrême : elle s’exposerait alors à subir les assauts des intolérants, au point de menacer les partisans de la tolérance elle-même. De surcroît, le risque serait celui qu’aux arguments des tolérants réponde la violence des intolérants : alors il va sans dire que la tolérance ne serait plus une vertu mais une faiblesse.

Limiter la liberté d’expression au nom de la liberté d’expression

Comme tout, le débat, la liberté de s’exprimer, connaissent leurs limites. Où s’arrête la tolérance commence le respect. Vous allez me dire que limiter la liberté d’expression au nom de la liberté d’expression elle-même fait l’objet d’un important paradoxe. Mais finalement ce n’est pas plus contradictoire que d’attribuer au révolutionnaire Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! » Peut-être que c’est parce qu’il y a paradoxe qu’il y a débat. Non ?

Si cet article vous a gêné, contrarié, révolté c’est peut-être que vous avez le besoin d’exprimer votre opinion. Alors le débat est ouvert, à vous.